L'agroécologie pour parer au changement climatique

Trouver son salut dans l’agroécologie

La tribu des Baigas est une communauté qui vit dans le centre de l’Inde. Le recul des espaces forestiers – leur ressource principale durant des siècles -, ainsi que la crise climatique, les a rendus très vulnérables. Depuis quelques années, l’apprentissage de l’agroécologie leur permet de développer de nouveaux moyens de survie en harmonie avec la nature et adaptés au changement climatique.

En bref

Pays, région:
État de Chhattisgarh, Inde
Durée:
Octobre 2019 – décembre 2024
Bénéficiaires:
4087 ménages dans 83 villages, dont 788 familles Baigas
Budget total du projet:
535’360 CHF

But

Le projet souhaite renforcer la capacité d’adaptation de la communauté paysannes face au changement climatique. Pour atteindre ces objectifs, l’application de méthodes agroécologiques est encouragée et des banques de semences sont créées. Le projet va également renforcer les capacités des institutions communautaires ainsi que leur adaptation, renforcer le rôle de leader des femmes, ainsi qu’instaurer une gestion durable des ressources naturelles.

Le projet est financièrement soutenu par la DDC.

Le projet fait partie du programme de l’alliance Sufosec.

Les Baigas sont un groupe ethnique qui peuple les abords des forêts indiennes. Autrefois, ils exerçaient une agriculture itinérante, vivaient de l’élevage, de la chasse et de la forêt. Ils étaient également connus pour leur savoir sur les plantes médicinales et étaient considérés comme des guérisseurs par les autres communautés. Malheureusement, le défrichage des terres pour l’agriculture a grignoté les espaces disponibles de forêt. Les membres de la communauté ont perdu leur rôle précieux et leur principale ressource vitale. Ils se sont sédentarisés, tentant de cultiver de petits lopins de terre pour compléter le revenu qu’ils obtenaient en travaillant dans les fermes alentours. Mais leurs connaissances lacunaires en agriculture et le changement climatique rendaient bien souvent leur culture impraticable. Le manque de nourriture se faisait souvent ressentir. Baghotin Bai, une membre de la communauté Baigas du village de Kukrapani, se souvient:

«Bien souvent, nous nous contentions de pej (une soupe épaisse obtenue en faisant bouillir du maïs broyé dans de l’eau) et de légumes secs. Nous avions l’habitude de dépendre du marché local pour acheter deux ou trois variétés de légumes en fonction de l’argent disponible. Nous conservions les légumes secs pour les consommer toute l’année, ce qui n’était pas suffisant.»

Bhagotin Bhai investit beaucoup de temps dans le sarclage des mauvaises herbes et l’enlèvement des pierres dans ses champs.

Une pratique dans le respect des traditions

Fatigués de ne pouvoir joindre les deux bouts, les Baigas se sont intéressés à l’agroécologie. Cette pratique d’agriculture durable se prêtait particulièrement bien aux spécificités du terrain ainsi qu’aux traditions de la communauté: le respect de la nature et une philosophie holistique. SWISSAID les a soutenus dans cette démarche au travers de l’ONG locale PRERAK spécialisée dans la conservation des ressources naturelles et l’agriculture écologique. Ensemble, ils ont développé des moyens de subsistance durables pour 788 familles Baigas du district de Kabirdham en Inde.

Votre don compte

Le paysan en Équateur. La mère de famille au Niger. Le garçon au Myanmar. La femme en Colombie. La famille en Tanzanie. L'homme au Tchad. La jeune fille en Inde. Le père en Guinée-Bissau. La paysanne au Nicaragua. Ils bénéficieront tous de votre don.

Expérimentations et apprentissage

Les familles impliquées ont pu démarrer leur apprentissage sur des parcelles expérimentales. Elles y ont testé diverses pratiques apprises, comme la valorisation de semences locales, l’utilisation d’engrais et de pesticides naturels, ainsi que l’introduction d’espacement optimal entre cultures, de cultures mixtes et de cultures associées. Ces formations étaient ponctuées de visites auprès d’autres groupements paysans pour échanger sur les meilleures pratiques.

 

Plus de diversité au fond du potager

Depuis l’introduction des techniques en 2019, 91% de ménages ont adopté au moins quatre pratiques agricoles durables. En outre, plus de 200 hectares de terre sont désormais dédiés à l’agroécologie. Cette pratique a engendré une augmentation de la productivité de 20% sur ces terres. Baghotin Bai, qui a vécu la transition, est ravie:

«Aujourd’hui, nous avons dix quintaux de millet Kodo provenant de notre propre champ qui permettent de couvrir les besoins de notre famille de cinq personnes. Nous avons également cultivé un potager dans le jardin et pouvons maintenant manger plus de 12 variétés de légumes de saison deux fois par jour pendant presque toute l’année. En plus, nous consommons des fruits comme la papaye, la goyave, le moringa et les agrumes de notre propre jardin. Nous dépensions environ 300 roupies par semaine pour acheter des légumes. Maintenant, nous utilisons cet argent pour acheter d’autres produits comme des épices, des huiles, du poulet et du poisson.»

Découvrez plus de résultats dans le rapport Sufosec (PDF)

Une production durable même en temps de crise

Kashiram Verma est travailleur social et a consacré de nombreuses années au développement de la communauté Baigas. Il affirme lui aussi avoir assisté à une amélioration des conditions de vie des Baigas. Selon lui, la preuve la plus parlante de cette amélioration réside dans la résilience des familles face aux fermetures des marchés dues au Covid-19. «Il n’y a pas eu de cas de famine dans les ménages durant la pandémie. Malgré les restrictions liées au Covid-19 et le manque d’emplois locaux, les familles ont pu satisfaire leurs besoins alimentaires. Les potagers ont permis de disposer de légumes même lorsque le gouvernement a fermé les marchés.»