Le quotidien au Niger

«Être riche, c’est pouvoir prendre soin de sa famille»

Pendant la saison des pluies, l’eau est torrentielle et chaque goutte manque: les familles paysannes du Niger sont dépassées par les conditions climatiques changeantes. Grâce à leurs connaissances en agroécologie, elles s’arment pour un avenir sans faim.

En bref

Pays, région:
Niger, Harikanassou
Durée:
Octobre 2017 - décembre 2019
Bénéficiaires:
Directs: 2577 membres de la Fédération Adiyale. Plus de 90% des bénéficiaires sont des femmes. Indirects: 14'000 personnes.
Budget total du projet:
179'781 CHF

But

Le projet vise à améliorer les productions maraîchères des petits paysans et à augmenter leurs revenus grâce à des techniques agroécologiques et à la vente des produits.

Il vise également à fournir des semences biologiques en quantité et de qualité.

Enfin, il a pour but de renforcer la Fédération Adiyalé.

Lorsqu’arrive la saison sèche, les girafes d’Afrique de l’Ouest migrent de Kouré à Harikanassou, à une trentaine de kilomètres plus à l’Est. Là, dans la vallée du Dallol Bosso, les plaines fertiles et la rivière qui les traverse rendent la région propice à l’agriculture. Un paradis pour les hommes et les animaux?

Malheureusement non.

Les conditions climatiques sont devenues de plus en plus mauvaises ces dernières années. Les précipitations sont imprévisibles: l’eau manque souvent pour irriguer les champs en suffisance, puis il se met à pleuvoir si fort que les semis sont emportés. La production hivernale ne suffit plus à nourrir les hommes et les animaux toute l’année. Les sols sont épuisés. Par conséquent, chaque année, les femmes et les enfants souffrent de la faim pendant des mois.

Zeïnabou Amadou a enduré ces conditions difficiles durant des années. Depuis le décès de son mari, il y a 12 ans, elle est devenue cheffe de famille et responsable de ses 10 enfants et ses 7 petits-enfants. «Nous avons beaucoup souffert mes enfants et moi, c’est à peine si nous arrivions à assurer un repas par jour», avoue-t-elle avec difficulté. La situation était insupportable. Et pourtant, la paysanne ne s’est pas laissée abattre. Elle a mobilisé d’autres femmes du village et, ensemble, elles ont fait des démarches auprès du chef du village afin d’obtenir des terres pour le maraîchage.

Zeïnabou Amadou a réussi. Elle est parmi les femmes les plus riches de son village, ce qui signifie qu’elle peut enfin s’occuper de ses enfants, comme toute mère le souhaite.

Plus jamais faim

Aujourd’hui, Zeïnabou est l’une des femmes les plus riches du village. Car «être riche au village, c’est pouvoir prendre soin de soi et de sa famille», explique la productrice de 60 ans. Pour que ces changements soient durables, SWISSAID soutient d’autres femmes à cultiver leur terre avec des méthodes agroécologiques. Zeïnabou Amadou produit ses propres semences de laitue et d’oignon. En outre, elle dispose de trois moutons et d’un taureau qu’elle engraisse en vue de le vendre un jour. Grâce à ce commerce fructueux, elle a désormais assez d’argent pour acheter des médicaments et peut envoyer ses petits-enfants à l’école.

Et pour le futur? Avec l’argent récolté par la vente de son taureau, elle a pour projet de fournir une charrette à ses enfants pour qu’ils puissent acheminer et vendre les surplus des récoltes au marché hebdomadaire de la ville. Elle commence aussi à initier sa fille aux méthodes agroécologiques. Zeïnabou a posé les premières pierres d’un avenir plein d’espoir pour elle et les générations futures. Sa plus grande fierté est de pouvoir enfin s’occuper de ses enfants comme n’importe quelle mère le souhaiterait.