Les semences paysannes sont diversifiées et bien adaptées aux conditions locales. Elles sont de plus à la base d’une alimentation saine et peu coûteuse. Elles remplissent donc toutes les conditions propres à rendre les systèmes alimentaires locaux plus indépendants et plus résilients. Sur la toile de fond de la pandémie de coronavirus et de la crise climatique mondiale, cette réalité sème l’espoir.
En bref
But
Le projet CROPS4HD en Inde vise à améliorer les moyens de subsistance des familles paysannes confrontées aux conséquences du changement climatique. Il aspire donc à instaurer un système alimentaire plus durable permettant à la population rurale de manger de manière équilibrée et diversifiée. À cette fin, il encourage l’utilisation et la conservation des variétés de semences paysannes. En combinaison avec des méthodes de culture agroécologiques, cette approche permet d’accroître et de garantir les rendements agricoles à long terme. Le projet est soutenu financièrement par la DDC.
Depuis la pandémie de COVID-19, de nombreuses familles de petits paysans ont pratiquement tout perdu. Leurs réserves financières sont épuisées. Elles luttent aujourd’hui contre le changement climatique, les longues périodes de sécheresse et les inondations. Pour s’en sortir, l’industrie leur propose des semences hybrides à haut rendement, censées produire des récoltes record. Mais les belles promesses de la théorie et des laboratoires vont souvent de pair avec de vrais désastres dans les champs indiens: des récoltes entières sont réduites à néant parce que les coûteuses semences sont moins robustes que prévu. Et aux mauvaises récoltes font suite des dettes astronomiques et des sols épuisés par les pesticides et les engrais de synthèse.
À ce jour, le système alimentaire national ne fournit pas une alimentation suffisante et saine aux quelque 1,4 milliard d’Indiennes et d’Indiens. Près d’une personne sur sept dans le pays souffre de malnutrition ou de sous-alimentation.
Les confinements à l’échelle du pays ont encore assombri le tableau. L’approvisionnement alimentaire de nombreuses familles rurales s’est détérioré. Les «sans terre», les personnes âgées, les femmes célibataires et les personnes handicapées, notamment, ont vu leur vie fortement entravée.
Des marchés et des banques durables
Le projet est mis en œuvre dans les trois régions indiennes du Bengale occidental, de l’Odisha et du Karnataka. Afin d’améliorer la situation alimentaire sur place, les marchés locaux doivent à nouveau jouer un rôle plus en vue dans le système alimentaire. Les petits paysans n’ont à l’heure actuelle quasiment aucune possibilité de participer à ces marchés. D’une part, il leur est souvent difficile de produire beaucoup plus que ce qui est nécessaire pour couvrir leurs propres besoins. D’autre part, la vente des maigre excédents qu’ils dégagent n’est pas rentable vu les coûts de transport élevés vers les marchés. Pour cette raison, le projet promeut d’abord les produits locaux, sains et diversifiés, et renforce ensuite les marchés et les événements locaux pour stimuler l’échange et la vente des produits des paysannes et des paysans.
Grâce au projet CROPS4HD, les familles paysannes découvrent les anciennes variétés sous un nouveau jour. Les méthodes agroécologiques dopent les rendements et sont garantes d’une alimentation saine à prix abordable.
Kontakt
Les banques de semences doivent par ailleurs permettre aux communautés d’accéder plus facilement aux semences locales adaptées. Le stockage de variétés tombées dans l’oubli facilite les échanges entre les communautés paysannes. Cette méthode permet aussi de rendre plus facilement accessibles les connaissances nécessaires à la culture.
Retour aux racines
La crise climatique mondiale et l’incertitude qui subsiste quant à la manière dont le coronavirus nous affectera ces prochaines années laissent présager de nombreux défis mondiaux majeurs dans les décennies à venir. Le projet CROPS4HD prend ces menaces au sérieux et mise sur les savoirs traditionnels et la diversité des semences paysannes qui se sont développées au fil des derniers millénaires. Notamment en Inde. Comme ces variétés semencières autochtones ont pu s’adapter aux conditions locales pendant des milliers d’années, elles sont d’une efficacité particulière pour relever les défis à venir.
Soutenu par une demande accrue, le projet favorisera donc la production de cet éventail de variétés paysannes. Les collaboratrices et collaborateurs de SWISSAID sur place aident en outre les familles paysannes en leur dispensant des formations continues axées sur les méthodes agroécologiques.
Debi Gharami, une paysanne du village de Kanaknagar, confirme l’efficacité des mesures adoptées: «Nous avons appris à conserver les semences et à préparer du compost et d’autres engrais naturels en utilisant des matériaux disponibles localement.» Les conséquences sont très concrètes pour les villageois. Et Debi Gharami d’ajouter: «La vente des produits excédentaires du jardin nous permet de réaliser des économies que nous pouvons investir ailleurs.»
Les foires aux semences comme celle-ci font connaître les variétés semencières paysannes et facilitent l’échange et la vente. Elles encouragent en outre l’échange de savoir entre les paysannes et les paysans et renforcent les réseaux sociaux.