Sécheresse et inondations

Aide d’urgence au Niger

En janvier 2024, SWISSAID a lancé une aide d’urgence au Niger. Cette aide sensée ne durer que quelques mois, s’est prolongée jusqu’à la fin de l’année. En cause, les besoins des populations face aux sécheresses persistantes de l’été puis aux violentes pluies de septembre. Nous rendons compte ici de l’évolution de la situation et des nouvelles apportées du terrain, bonnes comme mauvaises.

En bref

Pays, région:
Régions de Dosso et Tillabéri, Niger
Durée:
Décembre 2023 – décembre 2024
Bénéficiaires:
1750 ménages vulnérables, soit plus de 12'250 personnes
Budget total du projet:
507’084 CHF

But

Le projet vise à soutenir les personnes directement victimes des aléas (sécheresse, inondations, attaques parasitaires) au cours de l’année 2024. Ces ménages sont aussi caractérisés par de faibles capacités d’adaptation face au défis climatiques. Les principales activités du projet sont la distribution
de colis alimentaires et l’appui en semences (pluviales et irriguées) avec un accent sur la promotion de pratiques de l’agroécologie à travers le renforcement des capacités techniques.

Update du 06.11.2024

Du maraichage pour assurer la prochaine récolte

Une foire aux semences a été organisée en octobre 2024. Elle a permis la distribution de semences adaptées à la prochaine récolte à 1400 ménages dans les communautés les plus touchées.

Cela vise à compenser les pertes dues aux graves inondations de l’été. «A cause des fortes pluies, tout mon champ a été ravagé, j’ai tout perdu et je n’étais plus en mesure de nourrir mes enfants. Normalement, je récolte 120 bottes de mil par saison. Cette année, je n’en ai eu que 10. Pour le sorgho, c’est pire, je n’ai rien réussi à sauver», rapporte Iliassou Labarane, 28 ans, père de quatre enfants.

Pour lui et beaucoup d’autres, la culture maraîchère devient désormais une alternative sérieuse pour compenser les pertes et assurer l’alimentation de leurs familles.

2024_inodation_Niger_Illiassou Labarane

A cause des fortes pluies, tout mon champ a été ravagé, j’ai tout perdu et je ne serai pas en mesure de nourrir mes enfants. Normalement, je récolte 120 bottes de mil par saison. Cette année, je n’en ai eu que 10. Pour le sorgho, c’est pire, je n’ai rien réussi à sauver

Iliassou Labarane, 28 ans, père de quatre enfants

Update du 03.10.2024

Les inondations menacent l'aide d'urgence

En septembre, des pluies torrentielles ont provoqué de graves inondations dans la région du Sahel. Au Niger, 339 personnes sont décédées et plus de 300’000 ont perdu leurs maisons, leur bétail et leur prochaine récolte.

Ces dégâts arrivent alors que de nombreuses familles étaient déjà en grave insécurité alimentaire depuis l’été. L’aide d’urgence que SWISSAID avait mis en place pour y faire face – la distribution de colis alimentaires et de semences – est menacée.  Pour éviter le pire, nous souhaitons fournir des semences de légumes à croissance rapide à 8400 personnes dans les communes de Dankassari, Matankari et Soucoucoutane. À long terme, la culture de ces variétés robustes et adaptées au climat garantira une alimentation saine et équilibrée, même en temps de crise.

Un champ inondé dans une des régions de nos projets.

Update du 15.07.2024

L'aide d'urgence atteint de nouveaux villages

Encore deux mois avant les prochaines récoltes, mais les dernières réserves alimentaires de nombreuses familles sont déjà épuisées. Elles n’ont pas d’autre choix que de consommer les semences qui leur restaient et ne pourront donc pas les semer en vue de la prochaine récolte. Plus de 40 % des villages du Niger sont aujourd’hui menacés par la faim aiguë. SWISSAID poursuit donc son projet d’aide d’urgence. La distribution de colis de nourriture et de semences se déploie maintenant dans les communes de Dankassari, Matankari et Soucoucoutane. Au total, 1’400 ménages supplémentaires ont pu en bénéficier. Outre ces distributions, une partie de la population peut suivre des formations à l’agroécologie, comme la production et l’utilisation d’engrais biologiques. Ces mesures favorisent les rendements des petites paysannes et des petits paysans et leur permettent de faire face à la crise climatique par leurs propres moyens.

 

« L’aide d’urgence de SWISSAID me permet d’assurer la survie de mes enfants. »

Fati Adamou, paysanne à Gogueze, Niger

Update du 27.05.2024

Extension de l'aide

De nombreuses foires au semences sont organisées pour faciliter la distribution des semences résistantes. Comme celle de Margou Bene du lundi 20 mai 2024. Cette foire organisée par SWISSAID sur 4 jours suit le même modèle que les précédentes. Plus de 2000 paysan-ne-s peuvent ainsi se procurer des semences de qualité sous forme de coupon à échanger lors de la foire.

«Le paysan a besoin de semences de qualité. C’est à travers cette foire qu’on leur donne la possibilité de les obtenir. Et pour les exposants, de présenter leurs produits », explique Maizama Issoufou, président de l’association des producteurs privés de semences. Ces semences spécialement adaptées aux conditions locales sont optimales. Elles sont souvent plus résistantes à la sécheresse. L’initiative a été saluée par les autorités administratives locales, régionales et coutumières. La télévision nigérienne en a fait un reportage:

Update du 03.03.2024

Les premiers colis alimentaires sont arrivés!

L’aide d’urgence est bien arrivé pour de nombreuses personnes des régions de Dosso et Tillabéri.

Étant malade et ayant subi trois opérations chirurgicales, je ne peux pas travailler et mon mari est décédé. Avant l’arrivée de ces colis alimentaires, je n’avais rien à manger, mes voisins me fournissaient de la nourriture. Le projet de SWISSAID m’a apporté une aide précieuse pour quelques semaines.

Katoumi Hima, 45 ans, veuve avec trois enfants dans le village de Fabidji

Je me demandais comment j’allais survivre jusqu’à la saison prochaine. Les colis alimentaires de SWISSAID sont arrivés au bon moment. Ma famille et moi pourrons manger à notre faim. Je remercie SWISSAID pour son assistance dans notre village. Sans SWISSAID, nos petits enfants seraient victimes de malnutrition.

Fati Amadou , 58 ans, veuve avec quatre enfants dans le village de Fabidji.

 


Le projet d’aide d’urgence

Le Niger, l’un des pays les plus pauvres au monde, vit des sècheresses à répétition. Fin 2023, les longs mois de chaleur ont été suivies par des pluies abondantes. Les sols arides n’ont pu absorber l’eau, provoquant des inondations. Les régions de Dosso et Tillabéry, au sud du pays, ont été particulièrement touchées. Avec de graves conséquences sur les récoltes: les greniers de mil censés nourrir les habitant-e-s jusqu’en mars étaient déjà vides en janvier.

Contexte fragile

Les maigres récoltes s’annoncent catastrophiques pour les 21 millions de Nigérien-ne-s souffrant déjà de malnutrition. À cela s’ajoute un contexte politique tendu. Les frontières avec le Bénin et le Nigeria, principaux fournisseurs d’aliments de base du pays, sont fermées en raison des sanctions internationales suite au coup d’État de juillet 2023. Les denrées alimentaires doivent être acheminées du Togo, en passant par le Burkina Faso. Un trajet compliqué et onéreux qui augmente encore le prix des denrées de base ; le kilo de mil est passé de 150 FCFA (20 cts) dans les années de bonnes récoltes à 280 FCFA (40 cts) en octobre 2023.

En outre, la transition politique actuelle a poussé de nombreuses organisations humanitaires ou multilatérales à rappeler leurs employés. Le peu d’aide humanitaire que recevait la population lors des précédentes sécheresses s’est encore amoindri.

Lancement d'une aide d’urgence

SWISSAID lance un projet d’urgence pour soutenir la population des régions de Dosso et Tillabéry. Grâce à son ancrage local et son expérience des dernières années, l’équipe de SWISSAID au Niger peut apporter une aide rapide et ciblée afin que la population survive jusqu’aux prochaines récoltes maraichères, en avril. En février, un projet combinant l’acheminement de colis alimentaires et la distribution de bons à échanger contre des semences a été mis sur pied.

Dans 20 villages, 1750 familles sélectionnées parmi les plus vulnérables, recevront un colis alimentaire contenant 50 kilos de riz, 25 kilos de haricots, 5 litres d’huile, 1 kilo de sel et des compléments alimentaires pour les enfants en bas âge. Un colis garantit la survie d’une famille de sept personnes pendant deux mois.

Pour la distribution des semences, le projet améliore encore son efficacité en mettant en place un marché itinérant pour la distribution des semences. Des marchands de semences sélectionnés, accompagnés par SWISSAID, se rendront dans les villages et proposeront leurs semences. Les paysan-ne-s n’ont ainsi pas à se rendre sur des marchés éloignés, ce qui entraîne souvent des frais élevés. Les semences leur permettent de cultiver des légumes et, en plus, de faire une deuxième récolte en septembre. En outre, les familles paysannes sont formées et soutenues pour l’adoption de pratiques agroécologiques, ce qui leur permet de devenir plus résilientes face aux effets du changement climatique.

Une approche éprouvée

«Pour assurer collectivement une sécurité alimentaire, nous devons construire des projets de résilience alimentaire à l’échelle nationale. SWISSAID, à travers ses projets d’urgence, donne de l’espoir aux plus vulnérables», s’est exprimé Djenab Touré, de SWISSAID Niger.

L’engagement de SWISSAID en ce moment de crise est primordial pour la population. En combinant une aide au développement sur le long terme, au travers de projets de renforcement des femmes ou d’apprentissage de méthodes agroécologiques, avec une aide d’urgence en période critique, nous assurons une continuité dans notre aide aux populations rurales. L’expérience des projets d’aide d’urgence au Niger et au Tchad, que SWISSAID a menés ces dernières années, montre que la combinaison de la distribution de colis alimentaires et de bons pour les semences résistantes fait ses preuves. Au Niger, les mécanismes mis en place permettent de s’assurer que l’aide parvient directement aux personnes les plus démunies et particulièrement vulnérables à cette crise gouvernementale, ainsi qu’au gel des fonds d’aide internationaux.